Stromboli
L’envoûtante

A la descente du bateau, vous n’apercevrez qu’une fine bande de sable noir granuleux et quelques vieux bateaux de pêche solitaires se prélassant sous un soleil clair et brillant, la mer Tyrrhénienne d’encre clapotant solennellement sur le rivage.
Mais vous ne veniez pas à Stromboli, une petite île éolienne au large de la Sicile, pour la plage de toute façon, n’est-ce pas ?
Vous veniez pour le volcan qui s’élève comme un dieu au-dessus de votre tête avec un panache fantomatique encerclant sa couronne. Impérieux, rendu notamment célèbre par le sublime film “Stromboli, Terra di Dio” d’Antonio Rossellini avec Ingrid Bergman, il dresse sur les eaux un cône presque parfait. Un monstre de basalte qui n’a de cesse, depuis 2 500 ans, de tousser et de s’époumoner. Subjugués par ses explosions de lave, les anciens parlaient déjà de « phare de la Méditerranée ». Les 500 habitants de l’île le surnomme Iddu (Lui) et lui vouent un respect total.
Feu d’artifice naturel surréaliste qui attire autant les touristes que les géologues, les passionnés en effectueront l’ascension en 4 heures de randonnée (ardue avec guide obligatoire). D’autres décideront de rester sur un bateau pour l’observer de loin. D’autres, comme nous, décideront de ne pas lui consacrer une activité particulière.
Cependant où que vous soyez sur l’île, il s’en dégage une atmosphère étrange et vous vous surprendrez à toujours garder un œil sur lui… Bien qu’il n’ait pas eu d’éruption majeure depuis 2009, les voyages sur Stromboli peuvent être imprégnés d’un léger malaise sous-jacent, du genre qui peut empêcher certains visiteurs de dormir une nuit complète.
« Ma première nuit sur l’île, je me suis réveillé avec un feu derrière l’endroit où je logeais », raconte le photographe Kenny Hurtado. « Ma chambre s’est remplie de fumée et de cendres, et j’ai sauté du lit en panique. Je me préparais à nager jusqu’en Sicile. Il s’avère que c’étaient juste des broussailles séchées qui ont pris feu à cause d’un vieux moteur de bateau. Pourtant, au cours des trois jours où Hurtado est resté, son anxiété n’a jamais complètement disparu.
Sur la plage, on sent parfois le sol trembler, mais cela ne semble pas inquiéter ou déranger les habitants : « De la plage, il y a toujours une évasion facile ». Certes.
Et des plages, l’île en dispose finalement de très sympathiques avec ce sable noir tellement plus élégant que le blond. En plein mois de juillet caniculaire, nous sommes souvent seuls en début d’après-midi sur ces étendues majestueuses qui ne se remplissent (et c’est vite dit…) qu’en fin de journée. Notre préférence va à l’heure de l’aperitivo pour la Spiaggia Lunga avec sa minuscule paillote bar Capra Babba sans chichi. Avec une impression de bout du monde, on s’y sent tellement privilégié d’y déguster son Spritz.
Les fins de journée sur Stromboli sont un délice de douceur aussi bien pour les papilles avec ses très bons restaurants que pour les yeux avec cette lumière magique et si particulière des éoliennes. Le tout sans compter la bonne humeur et la jovialité qui s’emparent alors des ruelles de l’île après l’écrasante chaleur de la journée. Le charme envoutant de Stromboli est alors à son apogée et nous ne connaissons personne qui n’y ait pas succombé.
En lien certainement avec les énergies liées au volcan, l’atmosphère qui se dégage de cette île est magnétique. On vit ici au jour le jour comme si la fin de ce petit monde pouvait survenir à tout moment . S’en dégage une ambiance composée d’un doux mélange de lucidité, d’attention à son environnement et à son prochain, de joie de vivre et de conscience d’éphémère qui n’est pas pour nous déplaire.
Déconcertante et déroutante, nous ne pouvons que vous conseiller de séjourner sur l’île et ne pas faire partie du flot de touristes en excursion qui débarquent juste en fin d’après-midi pour observer les éruptions depuis la mer. Vous aurez alors l’immense plaisir de pouvoir profiter le temps d’un séjour du motto de l’île : « Mollo tutto, vivo a Stromboli ».
Nous, on aurait pu y rester des lustres.
Stromboli c’est
5 km de long par 3 km de large
Accessibilité
Capacité d’hébergement
Animation
Où se situe Stromboli ? Dans l’archipel des éoliennes composé de 7 îles au Nord-Ouest de la Sicile en Italie avec les îles d’Alicudi, Filicudi, Vulcano, Lipari, Salina, et Panarea.
Comment se rendre à Stromboli ? En hydrofoil, 2h de traversée depuis Palerme ou Milazzo.
Comment se déplacer sur l’île ? La marche reste le principal mode de transport sur l’île. Quelques taxi voiturettes de golf à disposition sur l’île, notamment au port à l’arrivée.
Où dormir et se restaurer ? De nombreuses locations saisonnières disponibles sur l’île. Quelques une repérées :
La Porta Rossa, Amada Mia , Ruth House, Lampara, Casa Poeti
La Locanda del Barbablù est le seul hôtel valable selon nous sur l’île, très bien situé en plein cœur, totalement dans son jus et tenu par des propriétaires adorables.
Côté restaurants il y a l’embarras du choix sur l’île. Quelques recos:
L’angolo Del Pesce Di Riccardo Utano avec son jardin agréable.
Trattoria ai Gechi et sa jolie vue
La lampara, notre préféré avec sa douce ambiance bohème
Punta Lena, le gastro Michelin de l’île avec pergola et vue exceptionnelle sur le Strombolicchio.
Le livre à emporter dans sa valise ? Le bal des cendres de Gilles Paris
La song à inclure dans sa playlist ? Hypnotize U de N.E.R.D
Et surtout où boire son Spritz ? Au Capra Babba Bar sur Spiaggia Lunga
Si j’avais su, …
J’aurais pris le taxi voiturette de golf à la descente du bateau. Ça grimpe quand même jusqu’au village, surtout par 40°C à l’ombre avec mon sac bien trop chargé… comme d’habitude.
J’aurais vu (ou revu) le film Stromboli de Rossellini aussi bien pour la sublime Ingrid Bergman que pour poser le décor.
J’aurais fait un tour de bateau pour voir le volcan depuis la mer.
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